Intervention à ZY’VA : Du ghetto Urbain au Ghetto scolaire
28 mai 2010 | Education
Je suis heureux d’être parmi vous dans les locaux de ZY’VA à leur invitation dans le cadre de ce débat autour des questions d’école. Comme vous le savez certainement depuis le début de ce semestre la ville de Nanterre est en plein débat sur les questions éducatives avec l’opération « Nanterre 2010 Ensemble pour l’Education ». Nous avons eu une rencontre sur les relations parents enseignants, un débat sur l’évolution du système scolaire et l’orientation, et un débat sur la maternelle par exemple.
Pourquoi cette opération?
D’abord un même constat fait quasiment par tous : Note société est en mutation et au cœur de cette mutation l’école est touchée. Le consumérisme par rapport à l’école qui se développe, la remise en cause de l’idée de service public, la perception que les familles ont de l’école tout cela est en évolution. Mais également le sentiment que les familles peuvent avoir qu’aujourd’hui l’école ne joue plus son rôle d’ascenseur social.
Au regard de tout cela, il nous a semblé important de prendre un temps de dialogue, de discussion, d’échange, sur tous ces sujets. D’énoncer, d’expliciter, de mettre en débat les problématiques qui définissent le fonctionnement du Service Public de l’Education, aujourd’hui. D’analyser les évolutions historiques qui le caractérisent, les maux qui touchent l’école. L’idée majeure c’est vraiment de remettre du collectif là ou certains nous poussent à l’individualisme.
Ce soir le débat organisé par ZY’VA rentre complètement dans ce cadre.
L’association nous invite à réfléchir sur le thème du « Ghetto urbain au Ghetto scolaire ». Tout le monde se rend bien compte qu’on pourrait tout à fait proposer le même sujet à Neuilly, mais là-bas les gens sont contents de la manière dont ils vivent leur « ghetto ». La question posée par l’association, c’est donc bien les effets dévastateurs de la concentration au même endroit dans un même lieu, dans une même zone géographique de personnes subissant toutes les difficultés de la vie, et l’impact de cette situation sur la réussite scolaire.
D’ailleurs Agnes Van Zanten, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de ces questions, que nous avons reçu à Nanterre, nous a très bien expliqué qu’à chaque fois que les enfants confrontent leurs parcours, leurs cultures, leurs traditions, bref quand il y a de la mixité les résultats sont nettement meilleurs. Personne ne veut l’entendre.
Alors à Nanterre, qu’en est-il et pourquoi nous en sommes là dans certains quartiers populaires :
→ Je crois qu’il y a déjà l’héritage de l’histoire. On voit bien dans le film de Yamina Benguigui « 9.3 Histoire d’un Territoire » comment cette concentration de l’immigration et du monde ouvrier a été décidée de manière étatique. Nanterre se trouve dans ce cadre là aussi.
→ Certainement, il ne faut pas le nier, il y a eu des erreurs ou une absence de vision des Municipalités qui nous ont précédés.
→ Mais surtout aujourd’hui, ce qui marque Nanterre, c’est une situation qui se dégrade car accentuée par les politiques actuelles du gouvernement de Sarkozy, comme par exemple la suppression de la carte scolaire et la mise en concurrence systématique des établissements renforçant l’idée de ghetto.
→La non prise en compte de la situation des banlieues malgré la révolte de 2005 qui a jeté à la face du monde entier ces 2 France qui coexistent en parallèle. Claude Dillain, le maire de Clichy sous Bois, nous dit bien que la situation non seulement ne s’est pas améliorée, mais s’est détériorée : tous ceux qui ont eu les moyens de partir sont partis.
→ La quasi disparition de la politique de la ville : aucun quartier de Nanterre ne fait partie aujourd’hui des 250 quartiers prioritaires du Plan Fadela Amara.
→La mise en sursis des dispositifs d’accompagnement à la scolarité portée par les associations ( CLAS…)
→Le non respect par de nombreuses villes de droite de la loi SRU sur les 20% de logements sociaux qui permettrait de donner de l’air.
Un bémol toutefois, le quartier du Petit Nanterre n’est pas dans la même situation que d’autres quartiers de banlieues ; en particulier sur la perception que peuvent avoir les habitants de leur quartier et de leurs écoles ; un élément qui va vous surprendre, je pense, mais la réalité des chiffres est là. Le petit Nanterre n’est pas frappé par la fuite scolaire.
Dans le primaire sur l’ensemble de la ville Centre et Mont Valérien compris, 2.5% des familles demandent une dérogation.
Sur les écoles du Petit Nanterre, le chiffre est de 2.6% quasiment identique. Pour le collège, 5% des familles du Petit Nanterre ayant des enfants en CM2 demandent un autre collège que celui République, ce taux est de 23% environ sur le quartier du Parc pour le collège Galois.
Sur le collège République, on a un Principal solide, une équipe stable, de nombreux projets pédagogiques, des exclusions qui diminuent massivement et des résultats qui progressent, on est là bien dans le cadre d’un cercle vertueux.
Ce n’est pas pour cela qu’il ne faut rien faire. L’équipe Municipale a conscience que le mélange de population est un enrichissement.
→ On a donc, par exemple, instauré dans le PLU (plan local d’Urbanisme) 40% de logements sociaux dans toutes les nouvelles constructions. Exemple : le quartier Rouget de l’Isle.
→ De même pour le quartier du Petit Nanterre, la ville s’engage dans le renouvellement urbain. 339 logements sociaux seront détruits 50% seront reconstruits sur site et 50% hors site.
Une centaine de logements seront construits en accession encadrée.
→ 2 millions d’euros sont investis pour l’école Maternelle de la Fontaine de même pour l’école Maternelle des Pâquerettes, le tout pour donner un cadre agréable à nos enfants.
→ 35% du budget municipal est consacré à l’éducation et nous mettons plus là où c’est le plus difficile. Il faut noter que nous avons plus de personnels municipal dans les maternelles du Petit Nanterre que de personnels de l’Education nationale. Les textes nous imposent une ATSEM par école et à Nanterre, nous pratiquons pour les ZEP une ATSEM par classe.
La ville de Nanterre agira partout ou elle le pourra avec les marges de manœuvre qui sont les siennes pour favoriser la réussite scolaire.
Il reste indéniable que la clef du succès se trouve au niveau gouvernemental :
→ C’est au gouvernement qu’il appartient de faire respecter la loi sur les 20% logements sociaux.
→ C’est au gouvernement qu’il appartient de mener une vraie politique en faveur de la réussite pour tous en stoppant notamment les suppressions de poste.
→ C’est au gouvernement qu’il appartient de revenir à une vrai politique en faveur de nos banlieues.
Je vous remercie !