Mon Intervention lors du Débat à l’association ZY’VA sur l’Education en présence de Ségolene Royal
19 avril 2011 | Au Parti Socialiste, Education
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’en ce moment Nanterre est en ébullition sur les questions éducatives. La période est marquée par de nombreux débats, échanges, mobilisation d’enseignants, parents d’élèves et élus. Pas pour dire que tout doit rester en l’état, que tout fonctionne bien et qu’il ne faut rien bouger, mais bien parce que tous les acteurs ont conscience que la série de mesures de fond qui s’abat aujourd’hui sur l’école aura des répercussions terribles sur nos enfants et donc la société de demain et en particulier dans les villes populaires comme Nanterre.
– La remise en cause de la 1ere année de Maternelle
– La suppression des RASED
– La suppression de la formation des enseignants
– La remise en cause de l’Education prioritaire
– Réorganisation des CIO qui à Nanterre se traduit par la suppression du CIO
– Chaque année la suppression de postes
Tout cela, me semble t-il, est bien la signification que le gouvernement a renoncé à l’ambition de la réussite pour tous alors que cela devrait être notre moteur, notre objectif.
Aujourd’hui, à Nanterre on réussit moins bien. 20% c’est la différence du taux de réussite au baccalauréat entre les jeunes Nanterriens et les autres élèves en France. Le lycée Joliot Curie, c’est 60% de taux de réussite au bac en 2010 quand Léonard de Vinci à Levallois est à 85%. Il y a bien une différence de territoire.
La dernière enquête PISA (Programme International pour le suivi des acquis des élèves) a montré qu’en France les origines sociales ont plus d’impact sur les performances scolaires qu’en moyenne dans les pays de l’OCDE. Les origines sociales sont de plus en plus décisives dans la réussite des élèves. L’école en France accroit les inégalités.
C’est pour s’attaquer à ce phénomène, au poids des origines sociales, qu’on a créé l’Education prioritaire en 1981 après la victoire de François Mitterrand et les lois Savary alors ministre de l’Education. C’est la 1ère mesure de discrimination positive : on donne plus de moyens aux territoires qui en ont le plus besoin.
Nanterre est impactée en 1982 avec le premier quartier en ZEP qui est celui du Petit-Nanterre. Mais à cette époque on concentre les moyens sur 250 zones. Et puis, petit à petit, on a commencé à augmenter le nombre de territoires impactés et donc à diluer les moyens sur des zones plus nombreuses. Je crois là que cela a été une erreur.
Après 30 ans d’existence, l’Education prioritaire peut être qualifiée de Mille feuilles. Les ministres ont empilé les dispositifs en rendant le système peu lisible et moins efficace : ZEP, REP, RAR et puis maintenant CLAIR.
Il faudrait pour l’avenir clarifier la politique de l’Education prioritaire et concentrer les moyens sur un nombre de territoires plus réduit en reconnaissant le travail des équipes enseignantes. Franchement, je ne suis pas certain de la différence entre une classe à 22 et une classe à 28 élèves mais par contre avoir des classes dédoublées à 10 ou 15 élèves sur certaines écoles aura des répercussions positives.
J’entends tout le monde parler encore des ZEP, mais en réalité elle n’existe plus. Parmi les 876 ZEP, les 254 concentrant le plus de difficultés sont devenus des RAR (Réseau Ambition Réussite) avec plus de moyens. Entre parenthèse, il n’en existe pas à Nanterre et les 600 autres zones sont des RRS (réseau Réussite scolaire) avec moins de moyens.
Le 10 janvier 2011 est rendue publique une enquête réalisée par l’Inspection Générale de l’Education Nationale sur les RAR. Et ce bilan est positif. Sur les 254 territoires en question, ce rapport constate une réduction des écarts entre les résultats scolaires des élèves en RAR et les autres.
Par contre, c’est vrai qu’on a très peu entendu parler de cette enquête pourtant réalisée par l’Inspection Générale de l’Education Nationale. Réaliseé en juin 2010 et rendue public plus de 6 mois après. Et pourquoi ?
Tout simplement parce que le gouvernement nous prépare à un revirement complet du fondement de l’Education prioritaire. Jusqu’à présent, la grille de lecture pour attribuer des moyens était des critères sociaux économiques, or demain le critère majeur pour déterminer l’Education prioritaire c’est « le climat » dans l’établissement de la sécurité. C’est pour cela que le dispositif CLAIR et maintenant ECLAIR est la conclusion d’un colloque gouvernemental non pas sur la réussite scolaire mais la sécurité à l’école.