Intervention au ZY’VA débat

9 janvier 2010 | Education


Ce qui me frappe et d’ailleurs partagé par des parents et les enseignants ces dernières années c’est la régression sans précédant de l’ambition de la réussite pour tous. Je prends 2 exemples, 2 mesures, 2 décisions qui le démontrent :

1/ D’abord le nombre colossale de suppression de postes tous les ans depuis 2006 alors même que les effectifs sont identiques.

50 000 postes en moins depuis 2006 ça représente 6% des effectifs de l’Education National.

50 000 postes en moins c’est moins de RASED, la moitié des RASED ont été supprimés à Nanterre, c’est la suppression totale à Nanterre des postes surnuméraires c’est-à-dire des postes de bibliothèques ou de salle informatique, moins d’AVS (assistant vie scolaire) alors même qu’on fait voter la loi de 2005 sur l’accueil des élèves handicapés on diminue le nombre de personnel susceptible de les aider à s’intégrer dans la classe. Cela est significatif de la vision gouvernementale sur l’école.

Les postes en moins se sont aussi moins de filières moins d’options se sont des classes plus chargés…

Par exemple à Nanterre nous avons 3 lycées professionnelles qui proposaient des BEP et des BACS pros, avec la réforme qui a frappé les lycées professionnels les BEP disparaissent et sont donc remplacés par des BACS pro 3 ans. Un élève qui était en BEP pouvait atteindre le BAC mais avec un processus de 4 ans, aujourd’hui on contraint tout le monde à obtenir le même diplôme en 3 ans, à la même vitesse à la même cadence. Forcément on laisse une partie des jeunes sur le côté.

De même ce qui est frappant, étonnant et choquant ces dernières années à Nanterre c’est que nous avons une forte augmentation des jeunes sans solution du fait d’une absence de places suffisantes en particulier en BAC pro. On est passé de 70 élèves en septembre 2008 à 111 en septembre 2009 jeunes sans places. Il a fallu que le CIO et la ville se penche sur chaque cas pour tenter de trouver des solutions et pourtant ce n’est pas dans la compétence d’une ville mais c’est le choix de la ville de Nanterre de tenter de ne laisser aucun jeune sur le côté.

Ce qu’on constate c’est que la suppression du BEP a généré une baisse du nombre de place importante et donc une concurrence entre les élèves et forcément se sont les plus faibles qui restent sur le carreau. Pour bien comprendre en fait il s’agit d’élèves qui ont obtenu un avis favorable au dernier conseil de classe de 3eme pour un lycée professionnel mais qui n’ont pas de places en suite. Ce phénomène va encore s’accentuer  et touche particulièrement les élèves qui choisissent l’enseignement professionnel.

Alors en même temps, je ne dis pas que tout fonctionnait bien avant et qu’il ne faut rien changer aujourd’hui.

L’idée de défense du service public de l’Education est intiment lié à mes yeux à l’idée que ce service public doit se transformer. Mais on ne peut pas commencer une réforme avec comme seule principe des faire des économies et de supprimer des postes. Il n’en demeure pas moins qu’il reste de vraie question à se poser.

Par exemple :

  • Pour un enseignant est ce que c’est la même chose d’enseigner à Nanterre et à Neuilly ? Ne faut-il pas renforcer les salaires pour les personnels enseignants dans les ZUS et ainsi favoriser la stabilité des équipes. Ici sur l’école la Fontaine 5 directeurs différents en 5 ans, 80% de l’équipe renouvelés chaque rentrée depuis 3ans. Comment voulez vous faire un travail efficace face à des situations difficiles.
  • Est-il normale d’avoir dans les ZUS une concentration de T1 c’est-à-dire d’enseignants qui sortent de l’IUFM alors qu’on aurait besoin d’un mixte à la fois du regard neuf, de l’énergie des jeunes enseignants mais aussi de l’expérience des plus anciens.

A Nanterre chaque année sont affectés 150 T1 sur 500 enseignants soit plus de 30% ce qui est largement au dessus de la moyenne départementale qui se situe à 10%

Sur le Lycée Joliot Curie de Nanterre d’enseignement Général et Technologique le taux de réussite au BAC est de 62% alors qu’il est de 84% en France. On pourrai se dire que l’Education National va faire en sorte d’y affacter une équipe expérimentée et bin non pour « aider le lycée » on affecte 40 professeurs qui sortent de l’école sur 180 soit 22% ! Ce qui est énorme pour un lycée de ce type.

Il faut donc faire en sorte que l’Education National en concertation avec les syndicats soit capable de fournir plus de souplesse afin de permettre dans les ZEP, dans les ZUS de bénéficier d’équipe stable et mixte entre jeunes enseignants et enseignants plus expérimentés.

Voilà deux mesures simple mais indispensable à mettre en place pour tout projet alternatif.

2/ Le deuxième exemple qui me semble significatif en terme de régression est celui qui concerne les rythmes scolaire pour le primaire. En effet le cadeau empoisonné que constitue la suppression du samedi matin fait de la France le pays avec le nombre d’heure de cours par jour le plus élevé d’Europe.

Tous les spécialistes, tous les chrono biologistes comme François Testu par exemple estiment que la généralisation de la semaine de 4 jours avec une interruption le mercredi et le week-end de 2 jours est la pire des solutions. Alors Pourquoi ? Tout simplement parce que les journées sont tropes longues 6h plus une demi heure par jour et la semaine trop irrégulière. Pour certains enfants, cela ne changera rien, mais pour d’autres les plus en difficultés cette organisation casse leurs rythmes accroit leurs fatigues et donc diminue leurs facultés de concentration. Mais cela concerne également les enseignants pour qui se temps concentré sur une journée est également beaucoup trop long.

Il me semble que tout projet d’aménagement du temps scolaire devrait avoir pour impératif de tenir compte en premier lieu de l’intérêt de l’enfant.

Les enfants sont des personnes et ont leurs rythmes propres, qu’il faut respecter dans une harmonisation entre temps familial, temps scolaire, temps péri-scolaire, temps libre.

Là encore on est dans la fabrication d’un système pour les enfants qui vont bien en laissant sur le bord de la route les enfants les plus en difficultés.

La Municipalité de Nanterre a pris position sur ce sujet nous avons dit que nous étions prêt en concertation avec la communauté éducative et surtout les parents et les enseignants à réfléchir à une semaine organisée sur 9 demis journées avec l’instauration du mercredi matin. Cela veut dire des journées plus courtes le lundi, mardi, jeudi et vendredi puis une prise de relais des services de la ville après les cours plus tôt dans l’après midi.

Cette mesure étant applicable bien évidement à une seule condition c’est que ce mouvement se fasse à l’échelon départemental au risque, sinon, de voir se créer une inégalité de traitement pour les enseignants dans leur aire de mobilité et donc de voir ceux-ci quitter Nanterre.

Cela malheureusement n’a pas été possible malgré la bonne volonté de l’ancien Inspecteur d’académie qui était lui convaincu. Tout simplement parce qu’une grande majorité des villes du département et à sa tête Isabelle Balkany maire adjointe de Levallois chargée de l’Education s’y est opposée et m’a d’ailleurs répondu en pleine réunion : on ne va pas bouleverser un système pour 10% d’enfant à qui le système ne convient pas. En gros on ne va pas changer le système pour vos pauvres.

Il me semble important d’essayer de donner la même éducation, gratuite, à tous, en considérant que cet investissement public rapportera à la collectivité. Plus on s’éloigne de cette conception moins on se comporte bien vis-à-vis de la société. La société a intérêt à soutenir ceux qui sont désavantagés par leur milieu social face aux apprentissages.

Cette situation génère des conséquences terribles pour notre société. Le rapport annuel de l’Observatoire national des ZUS dresse un bilan accablant entre 2005 et 2009 :

Près d’un mineur sur deux vient sous le seuil de pauvreté (900 euros), les jeunes rencontrent toujours autant de difficulté à obtenir des diplômes leur permettant d’espérer une future insertion sociale. Ils continuent également d’être deux fois plus touchés en moyenne par le chômage et en particulier les garçons.

La responsabilité de la gauche est là ! Nous devons mettre un terme à cette France qui accroît les inégalités et en particulier l’inégalité face à l’école.

Poster un commentaire